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Malcolm vs. Ma famille d'abord : mais pourquoi les compare-t-on tout le temps ?
Régulièrement comparées, mais vraiment comparables ? Match entre les deux comédies cultes de M6 du début des années 2000.
C’est devenu un véritable marronnier sur les réseaux sociaux ces dernières années. Régulièrement, les internautes sont invités à indiquer leur préférence entre deux sitcoms : Malcolm et Ma famille d’abord. Un débat loin d’être occulte, puisqu’il passionne assez pour faire caracoler à chaque fois les deux séries en top tweet. Mais pourquoi opposer ces séries en particulier ? Quelles sont leurs points communs ? Leurs différences ? Et pouvons-nous enfin les départager ?
Les forces en présence
Avant toute chose, comme pour tout duel qui se respecte, un petit point sur les forces en présence.
À notre gauche, Malcolm (Malcolm in the middle, en VO), série sitcom créée par Linwood Boomer, comptant 151 épisodes de 22 minutes répartis sur 7 saisons. Diffusée initialement sur la chaine américaine FOX, entre janvier 2000 et mai 2006. Diffusée pour la première fois en France en décembre 2001, d’abord par M6, puis multi-rediffusée tout au long de ces dernières années par les chaines du groupe (W9 & 6ter).
À notre droite, Ma famille d’abord (My wife and kids, en VO), série sitcom crée par Damon Wayans (qui y interprète aussi le rôle principal du père, Michael Kyle), comptant 123 épisodes de 22 minutes répartis sur 5 saisons. Diffusée initialement sur la chaine américaine ABC, entre mars 2001 et mai 2005. Diffusée pour la première fois en France en 2003, d’abord sur M6, puis multi-rediffusée tout au long de ces dernières années par les chaines du groupe (W9 & 6ter).
Tant et si peu en commun
Ainsi présentées, les deux séries pourraient effectivement apparaître comme plus ou moins jumelles ou cousines. Mais pour autant, pas plus qu’avec toutes les séries de type sitcom tournant autour d’une famille excentrique dont le groupe M6 a toujours fait une de ses spécialités.
Serait-ce alors la présence conjointe d’un père immature, d’une mère au bord de la crise de nerfs, d’un fils complètement idiot et d’un petit dernier mignon qui suffirait à rendre les séries rivales et si comparable aux yeux de leur public ? Cela tiendrait à peu de choses, et essentiellement à une typologie de personnages somme toute « classique », que seul un traitement original peut distinguer.
Les différences entre les deux séries ? Tout le reste ! Elles n’ont, en réalité, pas grand-chose en commun, au point que les comparer n’a pas vraiment de sens, et s’avère injuste aussi bien pour l’une que pour l’autre.
Décalage social
L’une des différences les plus flagrantes et ayant une influence déterminante sur l’ensemble de leurs intrigues, c’est le niveau social des personnages.
Dans Ma famille d’abord, nous sommes en présence d’une famille d’afro-américains plutôt aisée, de classe moyenne haute : la maison est grande, spacieuse, cosy, correctement équipée, bien entretenue, le père est chef de son entreprise, les enfants ne manquent de rien. On ne fait pas forcément attention à ce détail, car beaucoup de sitcoms familiales ont pris le partie d’installer confortablement leurs protagonistes sans toutefois trop d’ostentation, ce qui a pour effet de simplement faire négliger ce détail aux spectateurs. On est là pour rigoler, et rien de « trop riche » ou « trop pauvre » ne doit ramener la série à des considérations trop sociales, même si bien sûr, les questions de budget ou d’argent sont régulièrement au centre des intrigues. Dans Ma famille d’abord, il y a assez d’argent pour qu’il n’y ait pas trop à y penser.
Malcolm est la première sitcom à avoir, à ce point, mis la pauvreté de la famille en avant. Il s’agit d’un aspect qui va peser sur le destin des personnages tout au long des 7 saisons, qui ne les verra jamais évoluer socialement ou devenir riches : de l’épisode où Lois sert le fameux « gratin de reste » (3.10) à celui où elle a cuisiné un opossum mort trouvé sur la route (6.13), la dèche est une réalité quotidienne. Lois reste caissière dans le supermarché Lucky Aide tout du long, elle ne monte jamais en grade et s’en fait même virer quelques fois. Hal est employé de bureau, relégué près des toilettes, et servira même de bouc-émissaire à son entreprise dans la tourmente. Les enfants doivent tout partager, se refiler leurs vêtements, dormir dans la même chambre ou le même lit, et travailler dès que possible pour compléter les revenus de la famille. On est loin de la vie de pachas ou d’enfants gâtés !
La pauvreté, l’humilité de la condition sociale, les notions de manque et de sacrifices, seront au centre des intrigues jusqu’au tout dernier épisode où Lois révèle à Malcolm sa destinée de future Président des États-Unis issu d’une classe populaire et ayant dû galérer pour en venir aux plus hautes fonctions, se faisant ainsi véritable représentant des plus défavorisés (7.22). Tout en en faisant un véritable ressort humoristique, la série ne manquera jamais de faire passer quelques messages sur la société américaine et plus généralement sur la nature humaine. Ainsi, elle s’illustre plus d’une fois dans le genre très ancien et hautement acrobatique de la satire.
Comique de caractères : le match des personnages
L’humour, c’est aussi le comique de caractère, celui des personnages (characters, en anglais), qui sont l’âme de leur série. Malcolm et Ma famille d’abord mettent en scène deux familles qui ont quelques similitude dans leur structure et les quelques personnalités qui les composent. Livrons-nous à un petit match amical en quelques rounds passant en revue quelques un des principaux personnages.
Round 1 - Match des pères : Hal vs. Michael
Dans Ma famille d’abord, la figure du père, Michael Kyle, est d’entrée présentée comme la principale et fait reposer l’essentiel des situations et de l’humour sur lui. Damon Wyans, créateur, auteur, producteur exécutif, et acteur, porte la série sur ses épaules. C’est son show. Il a une présence remarquable. Dans Malcolm, Hal est d’abord un personnage plus en retrait, dans l’ombre de sa femme, et a fini par prendre de plus en plus d’ampleur jusqu’à devenir la véritable star de la série pour beaucoup. Les deux pères ont en commun une certaine immaturité, espèce d’éternels adolescents, et toutefois une volonté ferme de transmettre des valeurs à leurs enfants, quitte à le faire maladroitement. Si tous deux ont une tendance aux lubies, c’est de façon écrasante que Hal l’emporte dans le nombre comme dans la fantaisie de ces dernières. Michael Kyle est beaucoup moins démissionnaire, et de nombreuses intrigues parmi les plus drôles reposent justement sur la façon dont il va donner une leçon de vie à un de ses enfants en leur jouant un tour. Ses confrontations avec son benêt de fils ainé, Junior, sont parmi les moments les plus incontournables de la série. Des leçons souvent données avec une certaine clownerie assumée, puisque Michael est un père « beau gosse » et extraverti qui fait le show en permanence. Sa drôlerie et son charisme sont certains, et son art de faire tourner sa famille en bourriques, tout à fait jubilatoire. L’amour et l’affection ne sont jamais oubliés pour la petite pause tendresse, autre figure imposée de la sitcom traditionnelle (La Fête à la maison (Full House, en VO) était championne de cette catégorie). Hal est un personnage plus fantasque, rêveur et vulnérable, qui noie son ennuie dans des passions éphémères et improbables. Le point commun le plus net des deux personnages, c’est leur amour passionnel pour leurs épouses, avec qui ils entretiennent une relation torride mêlée de complicité et de crainte. L’aspect dominant/dominé est toutefois largement plus appuyé dans Malcolm, évidemment, où Lois règne sans partage sur la famille où Hal est un peu le petit dernier.
Round 2 - Match des mères : Lois vs. Janet
Lois et Janet héritent toutes les deux du rôle de la mère caractérielle, souvent au bord de la crise de nerf, qui doit à la fois gérer ses enfants et son grand adolescent de mari. Si Janet se montre plus volontiers bonne cliente des pitreries de Michael et affiche elle-même un côté grande adolescente (c’est un couple assez jeune, qui sont devenus parents précocement, cette dynamique plus « juvénile » crée une autre forme de complicité entre eux, une immaturité parfois partagée), Lois est en revanche une véritable matrone et matriarche qui mène sa famille à la baguette. Contrairement à Janet, elle est initialement présentée comme la cheffe de famille, et elle le restera jusqu’au bout, même si le personnage de Hal ne va pas cesser de prendre de l’ampleur et de conquérir le public. Les deux femmes n’en sont pas moins des amoureuses, sensibles aux petites intentions, et gourmandes d’affection (ou gourmande, tout court, pour Janet dont le surpoids et l’appétit sont un sujet de plaisanterie régulier). Souvent obligées d’endosser le rôle du mauvais flic, celle des deux qui s’y illustre avec le plus radicalité et de génie est clairement Lois.
Round 3 - Match des idiots : Reese vs. Junior
Les deux familles ont chacune leur idiot de service parmi les enfants. Dans Malcolm, c’est évidemment Reese. Dans Ma famille d’abord, c’est le fils ainé, Junior, souvent moqué par son père pour son énorme tête chauve pourtant bien vide. Si Junior est juste bête et particulièrement paresseux, il n’est pas quelqu’un de violent ou de sadique comme peut l’être Reese. Pour autant, il n’a pas non plus d’aussi forts moments de vulnérabilité et de bonté que le frère de Malcolm, quand il fait tomber son armure de brute. Reese s’avère, de plus, être un génie dans un domaine bien particulier : la cuisine ! Et même dans ses bêtises, le cœur et la créativité qu’il y met touchent à l’artistique, métaphore souvent filée tout au long de la série. Cela en fait un personnage plus complexe, attachant et nuancé que Junior. Haut fait à ajouter à la gloire du fils de Michael Kyle, toutefois : lui aussi, comme Reese, va se marier très jeune et vivre dans le garage de la famille avec sa jeune épouse : mais pour le coup, pas de « période d’essai » ou de sombre histoire de carte verte. Une vraie histoire d’amour, et même la naissance d’un enfant ! Sacré Junior, on ne l’a pas vu venir, avec son air bête !
Round 4 - Match des petits derniers : Dewey vs. Kadie
Dans toutes les familles de plus d’un enfant, il faut bien un petit dernier. Chez Malcolm, c’est Dewey. Chez les Kyle, c’est Kady. Un garçon et une fille qui ont pour point commun leur mignonnerie, capable d’attendrir n’importe qui, et pouvant toutefois cacher une certaine mesquinerie. Certes, Kady n’a pas son équivalent du célébrissime « Poupipoupi », et elle n’atteint pas les degrés de machiavélisme de Dewey quand il use de son intelligence pour se venger des sévices qu’il endure. Le petit garçon est effectivement beaucoup plus malmené et plus à plaindre : battu par ses frères, souvent exclus, négligé par ses parents. Dewey s’avère être un génie de la musique, talent où tente (bien vainement) d’exceller Kady, mais que seul son amoureux transi, Franklin, qui la coach, sait apprécier. Contrairement à Dewey que l’on va voir grandir sur 7 saisons, jusqu’à environ ses 12 ans, révélant ainsi d’autres facettes plus touchantes, profondes et matures du personnage, Kady, en seulement 5 saisons, restera toujours une petite fille. Ses scènes les plus craquantes, elle les aura avec Franklin, qui est… une tête d’ampoule !
Round 5 - Match des intellos : Malcolm vs. Franklin
Et oui, même Ma famille d’abord a son petit génie ! Franklin Aloyisious Mumford (le nom est déjà tout un programme !) apparaît pour la première fois dans l’épisode 3.11 de la série, assez tardivement donc, mais cela aura suffi pour en faire immédiatement un personnage incontournable et culte. Peut-être le meilleur du show, et un des personnages d’enfants les plus drôles et attachants créés pour une série. Franklin est un petit garçon tout chétif à la langue bien pendu et au langage des plus châtier. Le gag autour de son personnage consiste à en faire un improbable surdoué ayant déjà tout vu, tout vécu, tout appris et tout enseigné à seulement 7 ans. Au gré des épisodes, les scénaristes prennent un malin plaisir à ajouter des lignes à son CV universitaire et artistique. Titulaire de multiples thèses dans différentes disciplines, ayant enseigné dans les plus grandes université, prodige du piano, polyglotte, éminent latiniste, pratiquant un humour pédant qui ne fait rire que lui, c’est le personnage le plus absurde et le plus hilarant de la série. Mais plus encore qu’un génie, le petit garçon est avant tout un romantique et un amoureux transi, de Kadi, qu’il courtise en véritable gentleman cédant à tous ses caprices, et la couvrant de compliments outranciers et autres mots doux surannés. Même (et tout particulièrement) quand la petite fille fait une chose peu remarquable, Franklin ne manque jamais de s’exclamer : « N’est-elle pas grandiose ? », un de ses célèbres gimmicks avec « Enfin… bref ! » (« Anyhoo ! »), achevant la plupart de ses tirades bavardes et sophistiquées. Plus encore qu’avec Kady, les scènes les plus hilarantes et « grandiooooses » de Franklin seront ses dialogues avec son « beau-père », Michael. Dans une complicité qui crève l’écran, les deux personnages vont devenir, au cours des deux dernières saisons, un véritable duo comique tenant quasiment du spin-off. Alors, là, peut-être devons-nous nous résigner à déclarer Malcolm vaincu à plates coutures ! Plus intelligent, aussi bien artiste que savant, plus romantique et plus mignon, Franklin l’emporte haut la main ! Mais notre tête d’ampoule a un atout de poids : tout une bande de ses semblables ! Lloyd, Dabney, Kevin, and bien sûr Stevie, son meilleur ami, sont autant de profiles d’intellos qui contribuent à faire de Malcolm la véritable série des petits génies.
La différence fondamentale du format : un gouffre qualitatif
En fait, la différence principale entre les deux séries tient en un détail qui n’en est pas du tout un : Ma famille d’abord est une série enregistrée en studio, en présence d'un public, dans les conditions d’une sitcom traditionnelle, d’où la présence de rires ponctuant les multiples pontes humoristiques. Malcolm est une série tournée en extérieurs, sans public, et dépourvue de rires enregistrés. Ce point technique a un impact considérable sur le contenu des deux séries, à tous les aspects, et crée un véritable gouffre qualitatif entre elles.
Les conditions de tournage de Malcolm, les méthodes de production et de post-production adoptées, en font une série beaucoup plus ambitieuse, libre et créative dans sa réalisation, son montage et donc son rythme, la variété et l’authenticité des décors (plusieurs décors de la « vraie vie », des lieux de tournage réels, à commencer par les extérieurs de la maison), la variété des personnages et des situations. On peut même finir sur l’incroyable palette musicale de sa bande-originale, véritable juke-box rempli de tubes accompagnant des moments cultes, et qui ont d’ailleurs été pendant longtemps l’obstacle à la distribution en DVD pour des raisons de droits.
Le tout confère à Malcolm une très nette supériorité que l’on pourrait qualifier d’objective, car technique et démontrable. Indépendamment des goûts et des préférences qui ne se discutent pas, la série créée par Linwood Boomer joue simplement dans une autre catégorie.
La cavale en voiture de Reese sur du Sum 41 (3.13), la spectaculaire explosion du Komodo 3000 (4.08), la plongée de la voiture de golf dans la piscine (4.03), les aventures de Francis aux quatre coins du pays, le running gag de Bernard le hamster parcourant le pays dans sa sphère orange dans la saison 3, des effets de réalisations comme les ralentis mythiques (celui du combat contre les clowns (2.03), entre autres), la séquence des Lego avec Godzilla-Lois (2.09), la vue subjective d’une fourmis dans la maison (4.16), le duel de voiture de Lois avec une autre automobiliste dans une surenchère de carambolages (6.06), les diverses séquences oniriques explorant les rêves et les fantasmes absurdes des personnages, l’épisode comédie musicale (6.11), les tribulations de Reese dans l’armée et jusqu’en Afghanistan (5.21, 5.22 & 6.01), le séjour au festival de Burning Man (7.01), l’improbable poursuite en voiture de Hal contre une abeille rancunière (7.05), et tant d’autres séquences devenues cultes sont autant de démonstration de l’inventivité loufoque et débridée de la série, qui ne s’interdit pas grand-chose pour nous surprendre et nous faire rire.
Si Ma famille d’abord se permet quelques escapades dans des décors extérieurs à la maison, c’est toujours dans les limites de ce que permettent ses conditions d’enregistrement plus contraignantes. Les épisodes sans doute les plus ambitieux resteront ceux du séjour de la famille Kyle dans un grand palace à Hawaï (épisodes 3.01 & 3.02). Quant à la réalisation et au montage, là encore, ils restent dans les clous d’une sitcom classique, elles ne peuvent s’aventurer dans des effets de style ou autres fantaisies demandant plus de budget et d’ambition.
Écriture et nuances d'humour
La démonstration de force et de créativité technique, c’est une chose. Mais qu’en est-il du nerf commun des ces deux séries : l’humour et la comédie ?
Il est beaucoup plus délicat de distribuer les points dès lors qu’il s’agit d’une chose aussi subjective et culturelle que l’humour. Chacun peut avoir ses bonnes raisons de considérer que l’une ou l’autre série est la plus drôle.
Si l’humour peut se manifester par – ou – à l’appui de situations burlesques (dans lesquelles Malcolm s’illustre clairement avec plus de panache et d’inventivité), il s’appuie aussi et surtout sur de bons dialogues. Là encore, l’écriture des deux séries est fondamentalement différente de par leur format et leurs conditions de production.
Le rythme des pointes d’humour est plus soutenu dans Ma famille d’abord, qui doit assurer son quota d’éclats de rire à la vitesse d’un sniper en stand up. En contrepartie, l’humour s’y fait aussi souvent plus convenue et prévisible, puisque s’inscrivant dans une longue tradition de sitcom familiale tournée en studio.
Hors de ces contraintes, Malcolm improvise son propre rythme, et en l’absence de rires enregistrés livre le spectateur à sa propre appréciation de la scène. Le public ne sera pas là pour lui indiquer la présence d’une saillie humoristique, plus ou moins explicite. Cela en fait une série beaucoup plus subtile et volontiers ironique dans son humour, s’associant à la créativité de plusieurs situations, confinant parfois à la poésie.
En complément de cette subtilité, elle déploie une intelligence qui fait honneur à celle de son petit génie de personnage principal. Nulle part on ne trouve dans Ma famille d’abord (ni ailleurs) une séquence aussi jubilatoirement brillante que la parabole des fourmis improvisée par Dewey pour démontrer la contingence de l’existence humaine et discréditer la notion de Divine Providence (4.22). Malcolm a l’art de mêler le potache des bêtises inventées par les garçons (niveau « tarte à la crème ») à celui des métaphores filées et ressorts sophistiqués qui n’oublient jamais de s’appuyer sur la réalisation et le montage pour renforcer leurs effets. Le fait est que Malcolm prend le parti de mettre en scène de nombreux personnages particulièrement intelligents, chacun à leur manière. Le héros éponyme est loin d’avoir le monopole du génie, si l’on considère celui de Lois, proche de l’omniscience divine, de Dewey manipulateur expert et musicien prodige, ou encore les passes d’armes caustiques du cynique professeur Herkabe avec son meilleur élève.
« Caustique », justement, c’est un registre où s’aventure allègrement Malcolm, faisant par là preuve de plus d’audace et de politiquement incorrect que Ma famille d’abord. La série de Linwood Boomer nous arrose d’humour au vitriol, parfois très noir, et déboulonne quelques tabous au passage. En cela, elle se montre moins « innocente » et « inoffensive » que la plus sage et familiale série d’ABC.
Conclusion
Réalisation, créativité, sophistication de la mise en scène, dynamisme et ingéniosité du montage, multiplicité des intrigues, variété des décors et des situations, richesse de la bande-originale, intelligence des dialogues et large palette d’humour allant du plus potache au plus subtile en passant par l’absurde, nombreux sont les aspects où Malcolm l’emporte très nettement sur l’ensemble des sitcoms. La série joue simplement dans une autre catégorie, qui n’appartient quasiment qu’à elle. La comparaison obstinée avec Ma famille d’abord, excellente sitcom et peut-être la meilleure de son genre (c’est un autre débat), apparaît ici injuste et inappropriée. You’re not the boss of me now.
Mais pourquoi opposer des séries si différentes dans leurs ambitions et devoir choisir entre elles, quand nous avons la possibilité de les apprécier toutes les deux pour ce qu’elles sont, et que nous avons la chance de les voir rediffusées aussi régulièrement à la télé ? Aucune raison de se priver !
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