Dossiers
Les épisodes extraordinaires
Avec un format d'une vingtaine de minutes et un budget réduit, la plupart des sitcoms ne peuvent pas se permettre beaucoup d'innovations. Mais Malcolm, non content de sortir le sitcom de la scène à trois murs pour des décors de cinéma ou des tournages en plein air, a donné naissance à plusieurs épisodes révolutionnaires qui en font une série humoristique résolument différente.
Épisode 2.20 – "Pile et face" (Bowling)
"Pile et face" commence de la même façon qu'un épisode classique mais lorsque Malcolm et Reese s'apprêtent à partir au bowling, l'écran est divisé en deux : nous allons assister à un épisode très spécial puisque les histoires se déroulent consécutivement de deux façons différentes selon deux cas de figure. Dans le premier, Lois accompagne ses deux garçons au bowling et Hal reste à la maison avec Dewey. Dans le second, c'est l'inverse et les évènements sont tout à fait différents ! Le public, qui a rangé "Pile et face" au rang des épisodes cultes de la série, ne s'y est pas trompé, tout comme la profession puisque le réalisateur Todd Holland ainsi que le scénariste Alex Reid ont été nommés aux Emmy Awards.
Épisode 2.25 – "Souvenirs, souvenirs" (Flashback)
L'épisode final de la saison 2 nous permet d'en apprendre plus sur la famille puisque Lois, qui pense être enceinte, se remémore la venue au monde de ses quatre enfants. Le titre de l'épisode pourrait nous faire craindre un clip show (épisode composé en majorité d'extraits de précédentes saisons) mais il n'en est rien puisque les quatre garçons sont déjà nés lorsque débute la série. Ce sont donc des scènes tout à fait inédites qui nous font vivre une partie du quotidien de la famille, chronologiquement antérieur à la saison 1, un fait rare qu'on ne retrouvera que furtivement dans l'épisode 6.08 - "Sévir et protéger" (Lois Battles Jamie). On découvre alors Lois et Hal en jeunes mariés, totalement débordés par des enfants déjà perturbateurs.
Épisode 4.05 – "C'est pas moi, c'est lui !" (Forwards Backwards)
L'originalité de "C'est pas moi, c'est lui !" vient de la chronologie des événements montrés à l'écran, même si cela ne concerne que la partie de l'histoire concernant Malcolm et Reese. Pour mieux comprendre la structure de cet épisode, il faut se pencher sur le titre original, "Forwards Backwards", qui souligne l'originalité contrairement au titre français. En effet, l'action commence lorsque Reese, le visage recouvert de ruban adhésif, frappe violemment Malcolm sous les yeux de leur mère. À partir de cet instant, le public va être témoin de l'envenimement de la situation (Forwards, en avant) mais aussi des crasses antérieures qui ont amené les deux frères à se livrer une guerre sans merci, montrées dans l'ordre d'inversement chronologique, de l'événement le plus récent au plus ancien (Backwards, en arrière). Au final, on assiste consécutivement à la situation finale chaotique et à la genèse du conflit, qui donne à réfléchir sur la portée de nos actes, même à priori anodins !
Épisode 4.07 – "Bouche cousue" (Malcolm Holds His Tongue)
Quand Malcolm décide de tenir sa langue, nous ne sommes heureusement pas privés de son extraordinaire sens de la répartie ni de ses réflexions corrosives puisque nous sommes les seuls à pouvoir entendre ce qu'il se passe dans sa tête, grâce à la voix-off. Malcolm abandonne même le temps d'un épisode les commentaires en aparté face à la caméra. Ainsi, nous avons un point de vue totalement nouveau, alors que l'épisode démontre le pouvoir des mots et les bienfaits que peut avoir le silence. Le téléspectateur peut avoir par le biais de "Bouche cousue" un aperçu de ce qu'aurait pu être la série si un autre procédé narratif avait été utilisé !
Épisode 4.10 – "Si les garçons étaient des filles..." (If Boys Were Girls)
Il aurait suffit d'un rien... mais Lois est la maman de quatre garçons avec les inconvénients que ça comporte : les enfants se bagarrent, désobéissent et l'affection à porter à leur entourage est une notion abstraite à leurs yeux. Enceinte d'un cinquième enfant, Lois se met à imaginer ce que serait la vie si elle avait donné naissance à quatre filles. Trois jeunes actrices jouent le rôle des alter-ego féminins de Reese, Malcolm et Dewey, respectivement prénommés Renée, Mallory et Daisy. Christopher Masterson incarne lui-même sa déclinaison féminine Francesca, tandis que Bryan Cranston passe des heures au maquillage pour incarner le seul homme de la maison dans cette optique : obèse et vraiment à fleur de peau. Cet épisode nous plonge donc dans une journée au centre commercial sous deux optiques différentes : la réalité vécue par Lois, et le fantasme rêvé par Lois. Au final, l'épisode s'attache à nous prouver que si les filles sont différentes des garçons, elles ne posent pas pour autant moins de problèmes !
Épisode 6.11 – "Opéra" (Dewey's Opera)
"Opéra" est un épisode qui ne change pas dans sa structure à proprement parler, mais il présente une grande originalité. Alors que Dewey peine à trouver un sujet pour écrire un opéra, il trouve l'inspiration dans une dispute conjugale qui oppose ses parents : Lois a acheté un nouveau lit, plus grand, et Hal se sent mis à l'écart. Ainsi, deux scènes d'opéra sont présentes dans l'épisode : une dispute qui prend des airs romanesques et une balade romantique en toge. Si Bryan Cranston a su nous faire découvrir sa voix puissante, il semble que ce n'est pas Jane Kaczmarek que l'on entend chanter. Une performance vocale que les téléspectateurs français ont pu voir telle quelle, puisque les extraits d'opéra ont été diffusés en version originale sous-titrée. Un exercice de style très original et parfaitement réussi !
Épisode 7.07 – "Le côté obscur" (Blackout)
"Le côté obscur" nous plonge dans une panne d'électricité, vécue différemment par tous les membres de la famille. L'épisode est divisé en trois segments, montrant ce qui se passe pour chaque groupe de la famille, sous des perspectives différentes. Finalement, lorsque l'électricité revient, tous les éléments qu'on a découvert par segments se retrouvent réunis. Autre fait exceptionnel, Malcolm ne s'adresse pas à la caméra, la structure de l'épisode ne s'y prêtant pas.
Si la série en général est "résolument autre", ces sept épisodes apportent en plus une expérience originale aux téléspectateurs. L'innovation est décidément le maître-mot dans Malcolm !
Commentaires