Personnages
Dewey
Présentation
Attention : Objet Vivant Non-Identifié !
Ceci n’est pas une défaillance de votre téléviseur, n’essayez pas de régler l’image ! Vous entrez dans un monde où les nains de jardin sont des ennemis (2.13), où les jouets parlent et vous menacent de mort (1.12), où on se lie d’amitié avec une mouche (2.19), où on devient le dictateur d’un peuple de Playmobil dans une ville Lego (2.09), où on fait de la luge sur des montagnes d’ordures (6.03), où tous ceux qu’on croise nous donnent de l’argent sans raison (4.06), où on fabrique de la barbapapa jusqu’à en retapisser les murs de sa maison (5.13), et où le menu du jour est un buffet de céréales (7.07), accompagné de pizza à la glace (4.13).
Le monde de Dewey
Ce monde, c’est celui de Dewey ; le petit dernier de la famille (du moins jusqu’à la naissance de Jamie, en fin de saison 4). Cette fantaisie, parcourue d’aventures improbables, qui caractérise le petit garçon, en font le plus proche cousin spirituel du personnage de Hal (son père aux lubies aussi innombrables que farfelues), dont il serait une sorte de version plus poétique et enfantine, lunaire et absurde.
Agé d’environ 6 ans au début de la série, minuscule et pourvu d’une petite bouille de capucin aux yeux ronds comme des billes et aux grandes oreilles légèrement décollées, longtemps inséparable de ses petits pyjama à motifs, ayant attendri et marqué des générations de spectateurs et spectatrices avec son célèbre « Poupipoupipou » (2.07), Dewey apparaît comme le bambin mignon et adorable auquel personne ne saurait résister, surtout pas une baby-sitter trop sentimentale, ni même une grand-mère pourtant acariâtre (1.16). Personne ne semble pouvoir être insensible à la mignonnerie ravageuse de cet enfant, craintif et vulnérable, plein de fantaisie et d’imagination.
Docteur Jekyll et Mister Hyde junior
Pourtant, cet aspect « kawaï », presque jusqu’au « too much », peut vite rendre le petit garçon tête à claques, et paradoxalement inquiétant. Et pour cause ; les plus naïfs et facilement attendris en font souvent les frais, pris au piège de cet enfant très malin, qui sait user de ses charmes, et diablement manipulateur quand il cherche à obtenir quelque chose, à se venger de quelqu’un, ou simplement à semer la pagaille pour sa pure distraction. De Dewey, le petit ange du « Poupipou », à Damian, l’enfant antéchrist de La Malédiction, il n’y a parfois qu’un pas !
Les deux périodes de Dewey
Entre la saison 1 inaugurale et la saison 7 finale, Dewey passe de 6 ans à 14 ans, et donc d’enfant à jeune homme. Une transformation physique importante, qui n’est évidemment pas sans conséquences sur sa personnalité et l’enjeu de ses intrigues. C’est presque « deux » Dewey auxquels nous avons affaire entre son enfance (saison 1 à 4) et sa pré-adolescence (saison 5 à 7).
Dans l’esprit de beaucoup de spectateurs, Dewey reste cet enfant adorable et fantasque des premières saisons. Moins connu et souvent oublié (en partie à cause des diffusions qui ont la fâcheuse manie de ne pas aller jusqu’au bout de la série et de radoter sur les premières saisons), le Dewey adolescent est pourtant un personnage très intéressant, qui continue de nous amuser et de nous attendrir, tout en apportant beaucoup de profondeur et d’intelligence.
Enfance de Dewey (saisons 1 à 4)
On ne laisse pas Dewey dans un coin
Sur le papier, l’enfance de Dewey, pourrait davantage tenir du drame naturaliste que de la comédie de sitcom : petit dernier d’une fratrie de quatre enfants (puis cinq) dont il est le souffre-douleur et le punching-ball de service, né dans une famille pauvre des Etats-Unis où l’avortement est tabou sans pour autant que le budget s’allonge quand une grossesse accidentelle se manifeste, le petit garçon est voué à être la cinquième roue de la charrette et à ramasser les miettes, au propre comme au figuré.
Négligé voire oublié (dans un coin, par exemple, dans l’intro d’un épisode ! (2.05)), malmené voire maltraité, Dewey résume particulièrement bien sa situation, à l’occasion d’un de ses plus vengeurs et mémorables coups-fourrés ; lorsqu’ayant appris que la naissance de son futur petit frère est prévu le jour de son anniversaire, il prend le micro en public pour dénoncer son père (4.20) :
"Je suis le plus jeune d’une famille de quatre enfants, et j’ai toujours ce qui reste quand les autres sont servis. Il n’y a plus d’eau chaude quand je prends ma douce, j’ai même pas un lit à moi, et trois personnes ont porté mes slips avant moi. Et pourtant, je ne me plains jamais. […] Même quand mes parents ont décidé d’avoir un cinquième enfant, j’étais content et prêt à partager le peu que j’avais avec lui. Et aujourd’hui, j’ai appris qu’ils allaient déclencher l’accouchement. Et mes parents ont choisi un jour très particulier pour cet événement. […] C’est mon anniversaire."
Cette négligence n’est ni la première, ni la dernière d’une longue série, dont les plus anciennes remontent à la petite enfance de Dewey. Les plus criants exemples reviennent sous forme de flashbacks traumatiques au petit garçon quand il revoit ses grands-parents, avec lesquels il a carrément frôlé la mort plusieurs fois (2.15). Mais même avec ses parents qui l’aiment et ne lui veulent aucun mal, Dewey est négligé. A un degré aussi cruel que comique, quand il revient par exemple avec la coupe et le premier prix d’un concours de musique à l’autre bout du pays, sans que personne dans la famille ne le remarque, ni même se soit rendu compte de son absence pendant plusieurs jours (3.21).
Sa famille le traite mal, et sa mère en particulier ne le « satisfait » pas en tant que fils ? Qu’à cela ne tienne ! Dewey n’hésite pas à lui être infidèle et à aller voir ailleurs, auprès d’une autre maman plus affectueuse et bienveillante. Une situation improbable d’adultère filial qui atteint des sommets de drôlerie quand une Lois, jalouse et furieuse, découvre la liaison secrète de son fils, trahi par une odeur de lessive (6.19).
Le bon karma de Dewey
Tout semblait donc faire de Dewey une petite Cosette des temps modernes, au potentiel humoristique peu évident. Mais c’était sans compter sur son tempérament flegmatique, sa mentalité positive, son esprit inventif, son imagination débordante, et aussi un excellent karma qui n’oublie jamais de rétablir l’équilibre pour lui.
Car Dewey, dans son malheur, est aussi un incroyable chanceux. C’est un chat échaudé qui ne manque jamais de retomber sur ses pattes à la faveur d’un coup de chance. Derrière l’épais nuage d’infortunes qu’il rencontre dans sa famille, une étoile bienveillante et lumineuse semble lui sourire, et lui envoyer régulièrement quelques clins d’œil d’encouragement, laissant croire qu’il s’en sortira toujours, quitte à ce que ce soit aux dépens des autres, et encore mieux : aux dépens de ceux qui ont voulu lui faire du tort.
L’un des exemples les plus fameux et savoureux de ce bon karma, c’est le « jour d’argent » de Dewey ; ce jour mystérieux et improbable de la semaine, où tous les habitants du quartier donnent de l’argent au petit garçon, sans qu’il n’ait rien à demander ou à faire (4.06). A l’image de cette intrigue, de nombreux épisodes se terminant dans le chaos ou la galère pour les autres personnages, offrent une fin heureuse, sereine et victorieuse à Dewey.
Sorte de parabole ultime et inoubliable du bon karma de Dewey : son improbable aventure à travers tout le pays, à la poursuite de son ballon perdu. On connaît des enfants dans la pop culture qui ont fini dévorés par un clown monstrueux pour moins que cela ! Dewey rencontre son propre lot de danger, en se retrouvant dans la voiture de deux braqueurs, dans la camionnette d’une bande d’immigrés clandestins à la frontière mexicaine, dans le Chinatown d’on ne sait quelle grande ville du pays, au beau milieu d’un champ de maïs désert. Une odyssée incroyable qui rend fin quand il est ramené chez lui en moto par une bande de bikers ; sain et sauf, même pas traumatisé, et persuadé d’avoir été déposé par le Père-Noël (2.01).
La chance insolente et le karma à toute épreuve de Dewey peuvent finir par exaspérer ceux qui les constatent et les observent avec ahurissement. C’était déjà le cas quand Hal voyait son tout jeune fils enchaîner avec nonchalance les « perfect » au jeu des mini-quilles chinoises (2.08). C’est encore plus le cas quand, quelques saisons plus tard, Hal affronte son fils dans un jeu de société, et qu’il voit son jeune adversaire gagner systématiquement la partie sans effort (7.20). Agacé par une chance qu’il pense source de graves illusions pour son fils, et bien décidé à lui donner une leçon sur les difficultés de la vraie vie, Hal confectionnera sur mesure un jeu rempli de calamités, de malus et de rebondissements terribles. Evidemment, quand c’est finalement Hal qui gagne à son propre jeu, le discours sur la chance et la gagne change subitement de nature, révélant les vraies motivations du mauvais perdant.
Le petit sournois
Souvent victime, Dewey n’en est pas moins bourreau, et sait rendre coup (bas) pour coup (de poing). N’ayant pas les moyens d’être brutal, à la façon de David contre Goliath, le petit garçon riposte par la ruse et, il faut le dire, un sens de la mesquinerie élevé au rang d’art.
L’arme fatale de Dewey, c’est de passer pour le petit garçon sans défense quand il est en réalité l’esprit manipulateur qui tire les ficelles. Parmi ses hauts (ou plutôt, bas…) faits en la matière, on se souvient entre autres de la façon dont il se fait passer pour un orphelin et grappille ainsi cadeaux, affection et friandises dans le gymnase où toute la population a été confinée, sous la menace de déchets toxiques (2.24). C’est avec un même art du mensonge apitoyant que Dewey parvient à écouler son stock de chocolat à vendre pour une tombola scolaire (5.19).
Si Dewey est le punching-ball favori de son grand frère, Reese, on peut dire que ce dernier est lui aussi la victime favorite de son petit frère, dans un tout autre registre moins violent mais non moins cruel : la manipulation. Bien conscient d’être beaucoup plus intelligent que son ainé, Dewey prend un malin plaisir à en jouer. Comme lorsqu’il profite de l’absence de leur mère, Lois, pour prétendre qu’elle lui transmet des consignes par téléphone (4.14). Consignes qui reviennent étrangement à ce que Reese satisfasse tous les caprices de son petit frère.
Lorsque Reese décide de se faire expédier en Chine pour affronter un correspondant par qui il s’estime insulté (le chinois a refusé de s’excuser pour Pearl Harbor ! Comprenez bien !), Dewey fait mine d’expédier la caisse, et préfère s’amuser à simuler son voyage – très houleux – dans le garage (7.05).
Quand Reese lui inflige l’humiliation de trop, Dewey trouve une solution des plus radicales et efficaces pour lui donner une leçon : faire – très littéralement – comme s’il n’existait plus (5.11). Une performance qui va finir par rendre Reese complètement chèvre et réussir à le faire douter de sa propre existence au point de le mener aux portes de la philosophie !
C’est par un procédé vaguement similaire que Dewey « punit » son père, quand Hal lui annonce ne plus pouvoir le porter sur son dos. Soit : Dewey démarre immédiatement une grève du « je t’aime » (4.16). Un chantage qui va toucher en plein cœur un Hal crédule, et le pousser au désespoir le plus comique. Les manipulations psychologiques les plus grossières de Dewey trouvent un pigeon de choix en la personne de son père, comme l’illustre tout particulièrement la soirée bowling de la famille, dans la version où Hal doit garder son fils puni et privé de sortie (4.20). Une situation qu’arrive complètement à inverser Dewey. La démonstration est d’autant plus éloquente, que la même soirée où c’est sa mère qui reste pour le garder, l’enfant ne peut même pas sortir un bout de pied de sa chambre sans représailles.
L’aspect sournois de Dewey prend une tournure moins excusable ou justifiée, quand le petit diable exerce ses redoutables talents dans la plus crasse des gratuités, pour son seul plaisir et sa distraction. Comme lorsqu’il sème la discorde, avec quelques remarques bien choisies, dans le groupe de musique de Hal et ses amis (4.11). Plus tard, il n’hésitera pas à prétendre que le bébé (encore dans le ventre de sa mère) lui donne des ordres, pour justifier une surenchère de bêtises (4.19). Mais le summum est sans doute atteint quand Dewey va jusqu’à voler l’anniversaire d’un petit camarade (3x04).
Le refuge de l’imagination
Dans une optique plus pacifiste et inoffensive, Dewey peut avant tout compter sur une imagination sans limites, et même une certaine capacité de déni qui le protège et agit comme une bulle de protection salutaire entre lui et la réalité. Cette aptitude explose au grand jour dans une réplique aussi mignonne qu’hilarante :
"Moi, je suis le préféré, le chouchou, celui que tout le monde aime, celui qui est mignon, celui à qui on fait attention, à qui on offre des cadeaux, et même des fois, ça fait que plein d’oiseaux chantent pour moi et que les nuages écrivent mon nom !"
Une capacité de sublimation par la fantasmagorie, dont il n’hésitera pas à faire bénéficier généreusement son petit frère, Jamie, en lui racontant des histoires extraordinaires où la maison délabrée de la famille abrite un sous-sol secret et richement décoré par Hal et Lois, dissimulant leur véritable richesse à leurs enfants et s’offrant les services d’un robot-esclave nommé Francis (5.02).
Ne voyant pas sa situation s’arranger avec l’âge, et plus encore avec la naissance d’un petit frère, Dewey croit trouver la solution à ses problèmes en décidant tout bonnement de redevenir un bébé (5.03). Grenouillères, couches, biberons… le petit garçon retombe en enfance pour y trouver la sécurité et l’insouciance qu’il n’a jamais vraiment eues… jusqu’à la grosse commission de trop !
Dans sa famille pauvre qui ne part jamais, ou bien rarement en vacances, Dewey rêve de dépaysement et de neige. A la faveur d’un monstrueux tas d’ordures largué par un éboueur rancunier devant la maison, Dewey a trouvé sa montagne sur laquelle faire des glissades en luge et des bonhommes de neiges (6.03) ! Déjà, enfant, par le seul pouvoir de son imagination, le petit dernier pouvait passer de souffre-douleur à dictateur à la tête d’une armée de Playmobil exécutant froidement tous les opposants à son utopie de surdoués cannibales… y compris son propre père (2.09) ! Nous avons déjà pu évoquer, plus haut, quelques une des fantaisies les plus marquantes du petit garçon, dans une énumération loin d’être exhaustive !
Plus tard, au tournant de l’adolescence, Dewey va réussir à maîtriser et exploiter sa créativité, en la mettant au service d’un seul et même art, la musique. Elle lui procurera les mêmes bienfaits et la même capacité d’évasion.
Dewey et les animaux
L’imagination de Dewey part si loin, que le petit garçon a tendance à s’inventer jusqu’à des amis qu’il n’a pas ! (Quand ils ne sont pas simplement sortis de nulle part, comme un certain « tête d’œuf » dont on ne saura jamais rien d’autre ! (1.11)).
Il faut dire que contrairement à Malcolm qui a un meilleur ami et une bande de copains, Dewey reste longtemps (jusqu’à la saison 5) un garçon esseulé. Mais là encore, il trouve la parade idéale, et rêve plus que tout au monde d’un animal de compagnie. Un désir profond qu’il ne va cesser d’exprimer, de sous-entendus appuyés en supplications, à des parents inflexibles. Cela n’empêchera pas Dewey de vivre quelques belles aventures, et des amitiés touchantes, avec des animaux de toutes sortes.
Tony la mouche, Charlie le poisson rouge (3.09), Monte-Cristo le chien (3.17), Sumo le lapin obèse (5.01), ou encore Bernard le hamster (3.06) (dont le périple dans sa boule orange fait l’objet d’un fil rouge dans la saison 3) ; c’est souvent à travers le personnage de Dewey et ses intrigues que les animaux se font une place improbable dans la série, créant quelques un de ses moments les plus drôles et marquants.
L'adolescence de Dewey (saisons 5 à 7)
Un garçon plus inquiet
Au tournant des saisons 4 et 5, le personnage de Dewey sort doucement de l’enfance, et entre petit à petit dans l’adolescence. Il a grandi, sa voix a mué, sa bouille de bébé a laissé place à des traits plus fins, forcément moins « mignons ». Mais surtout, son comportement et sa personnalité évoluent, s’éloignent du petit garçon charmeur, très fantasque et capricieux, pour laisser place à un jeune homme plus pragmatique, un peu inquiet, mais toujours boudeur et extrêmement créatif. Négligé et malmené, Dewey l’est aussi toujours, mais les stratégies qu’il élabore pour échapper à son sort, s’évader ou riposter, se font moins sournoises et mesquines. Le jeune homme a gagné en confiance, il s’affirme et se montre davantage en mesure d’exprimer franchement et frontalement ses mécontentements et ses colères.
Cette version plus mature et assagie de Dewey est moins connue (la faute à son apparition plus tardive dans la série et à une plus rare diffusion des dernières saisons, nous l’avons dit), mais aussi souvent moins retenue et moins appréciée (cette évolution pouvant apparaître comme austère et dissuasive aux amateurs de « mignonnerie »). Pourtant, le Dewey adolescent est un personnage extrêmement intéressant, beaucoup plus sympathique que son homologue d’enfance (car moins sournois et ambigüe), mais aussi très drôle (plein d’esprit, volontiers sarcastique) et très attachant. Justice doit lui être rendue, et il est une des excellentes raisons (nombreuses) de revoir la série dans son entièreté.
Et la musique fut
Dans la saison 4, au détour d’une de ses nombreuses intrigues, Dewey profite de son précieux quart d’heure de solitude quotidien et d’avoir la maison à lui tout seul pour… apprendre le piano (4.02). Une idée qui amuse beaucoup, mais qui ne retient pas plus que cela l’attention sur le coup, tant on est habitués aux fantaisies du personnages, et aussi à leur absence de suite.
Seulement, cette fois, nous venons bel et bien de voir la naissance d’un don et d’une véritable vocation, qui sera l’un des traits fondamentaux du personnage jusqu’à la fin de la série. Dewey aussi, est un génie. Un génie non pas des mathématiques et des sciences, comme Malcolm, mais un génie de l’art, de la musique. Une différence radicale (l’excellence peut prendre bien des formes ! Reese en sera la confirmation définitive, en devenant quant à lui génie de la cuisine !) qui sera particulièrement bien illustrée dans un épisode où Malcolm, outré d’avoir eu une mauvaise note en musique, demandera l’aide de son petit frère pour son devoir (6.18). La leçon sera difficile pour notre héros : la science n’est pas l’art, et être un génie dans l’un n’est pas être un génie dans l’autre. Son excellence a bel et bien des limites, et il doit accepter qu’il n’est pas le meilleur dans tous les domaines.
Le don musical de Dewey sera au centre de plusieurs de ses intrigues futures, et prendra souvent la place de ses fantasmagories d’autrefois. Comme si tout le flux créatif du jeune homme avait convergé vers un seul point. C’est au service de la musique que se mettra désormais l’imagination de Dewey, et c’est elle qui lui offrir sa précieuse porte de sortie de la réalité, cette capacité de sublimation.
Pas facile de pratiquer la musique dans une famille fauchée, et qui en plus ne fait pas attention à vos besoins. Pour pouvoir jouer d’instruments, Dewey va devoir redoubler d’inventivité, et devant le refus de son père de lui payer un piano, le jeune homme se servira directement dans le mobilier et autres ustensiles de cuisine pour se confectionner un prodigieux orgue fait-maison (5.16).
Dewey participera à plusieurs concours de musiques. Un premier, qu’il gagnera dans l’indifférence générale (5.21) ; et un deuxième que, non seulement il perdra (2ème place, « seulement »), mais qui aura surtout été précédé d’innombrables galères dues à une Lois peu coopérative à l’aéroport (7.11).
Du Maestro Dewey, il nous est parvenu un seul opus, mais quel opus ! Un opéra en trois actes : Glacienda et Don Argento, ou le lit de la discorde ! L’argument du livret, notre compositeur prodige n’a pas eu à le chercher bien loin. Il n’a eu qu’à observer la petite tragédie qui s’est jouée entre ses parents et leur série de disputes terribles à propos d’un nouveau lit acheté par Lois et jugé d’une largeur suspecte par un Hal paranoïaque et jaloux (6.11).
Un surdoué chez les sous-doués
Dewey n’est pas qu’un génie de la musique. C’est un véritable surdoué, possédant un QI peut-être comparable à celui de son grand frère, Malcolm. Mais ce dernier, catastrophé à l’idée que son petit frère subisse les mêmes brimades que lui (ou, plus probable, tout simplement jaloux et désireux de rester le seul surdoué de la famille), fausse le test de Dewey (5.18). Il y parvient si bien, que son petit frère finit bien en classe spéciale… mais celle des perturbés (les « buseys », en VO).
Transféré malgré lui dans la classe des perturbés, Dewey y rencontre Hanson, Zoe et Chad, des élèves pas si idiots et des cas pas si désespérés, victimes surtout d’un enseignement inadapté qui ne les comprend pas. Mieux encore, Dewey va trouver là l’occasion, inattendue, de se faire ses premiers vrais amis. Touché par l’attachement que lui témoignent ses camarades, et pour la première fois face à des personnes qui ont besoin de lui, Dewey simule une crise de démence pour rester inscrit en classe spéciale.
Déjà plus soucieux et inquiet que dans sa petite enfance, Dewey entre dans une nouvelle phase, gagne énormément en maturité et développe un sens des responsabilités envers ses camarades. Tout au long des dernières saisons, il ne va cesser de veiller sur eux, de les aider, parfois les couvrir dans leurs bêtises (comme lorsqu’ils fuguent et s’installent dans un arbre ! (6.02)), et devenir pour eux une espèce de guide ou de tuteur qui a réponse à tout.
La sagesse de Dewey
« Réponse à tout », on peut dire que cela correspond assez bien à Dewey ! Du petit garçon qui avait tout le temps des questions sur tout et n’importe quoi, il est devenu un jeune homme qui répond à celles des autres, ou invente lui-même les siennes.
Dewey se montre ainsi porteur d’une grande sagesse – surpassant largement par-là son grand frère pourtant surdoué ! –, et se montre volontiers philosophe à ses heures. Contrairement à Malcolm, chez Dewey, l’intelligence se mêle à l’empathie, à la sensibilité, à l’introspection t à la créativité, pour un mélange des plus féconds et des plus sains. Passé maître dans l’art subtil de l’aphorisme, on lui doit assurément quelques unes des tirades les plus profondes et percutante, drôles et intelligentes, de la série sur de grandes notions ou autres vérités générales. Comme lorsqu’il s’emporte contre l’échec de la démocratie (6.07) :
"Je déteste la politique ! Les électeurs ne lisent rien ! Ils ne pensent jamais par eux-mêmes. Ils se laissent influencer par le dernier truc qu’ils ont entendu. Que ce soit vrai ou faux. La démocratie est un échec parce que, soyons lucides, la plupart des gens sont idiots."
Ou encore plus fort, lorsqu’il donne sa propre interprétation de la nature arbitraire de desseins de Dieu (4.22) :
"Le Pasteur Roy, il dit que Dieu est tellement plus grand et intelligent que nous, qu’essayer de le comprendre, c’est comme si une fourmi essayait de me comprendre, moi. […] Comme moi avec la grosse fourmilière du jardin. J’ai passé des jours entiers à regarder les fourmis et essayer de faire la différence entre les bonnes et les mauvaises. Mais tout ce que je voyais, c’était des insectes. Alors j’ai commencé à les punir. […] Je les ai punies avec le tuyau d’arrosage, avec l’essence à briquet, avec la tondeuse à gazon, et pour être tout à fait honnête, j’ai perdu les pédales avec la grosse pelle. Et si ça se trouve, les fourmis priaient pour moi tout le temps. Et j’entendais rien. Quoi qu’elles fassent, elles étaient impuissantes. […] Je crois que c’est pareil pour nous. On ne peut rien changer à ce qui nous attend. Alors pourquoi se prendre la tête ? […] Je crois que tout ce qu’on peut faire, c’est vivre en étant le plus gentil possible et en essayant de ne pas attirer l’attention de Dieu et de sa grosse pelle."
On est bien loin du « poupipou » du petit Dewey ! Et si c’est moins mignon, c’est autrement plus profond, et encore plus drôle !
Cet écart entre les deux répliques symbolise assez bien l’évolution générale de Dewey. Un personnage qui est resté fondamentalement décalé, fantasque, attachant, mais dont le caractère s’est affirmé, qui a gagné en maturité, qui a développé son langage et sa pensée, lui permettant de délaisser peu à peu sa sournoiserie d’enfance, devenant ainsi un des personnages les plus sains, équilibrés et positifs d’une série où personne n’est complètement normal. A l’image de ses aventures passées, de ses coups de chance légendaires et de son karma à toute épreuve, l’avenir de Dewey, aussi indéterminé et incertain soit-il, ne cause aucune inquiétude, tant le jeune homme semble voué à toujours s’en sortir quoiqu’il arrive et à planer au-dessus des événements, porté avec douceur vers une fin heureuse par un vent favorable.
Les scènes cultes avec Dewey
Erik Per Sullivan
Biographie
Fils unique aux yeux marron et cheveux châtains, Erik Per Sullivan est né le 12 Juillet 1991 à Worcester dans le Massachusetts d’un père américain, et d’une mère suédoise. C’est d’ailleurs parce que sa mère est d’origine suédoise qu’il maîtrise bien cette langue. Erik a vécu son enfance avec sa mère en Californie, pour les besoins du tournage de Malcolm. Son père possède quant à lui un restaurant mexicain dans le Massachusetts, nommé Alamo, où l’acteur travaille à l’occasion. Les arts martiaux intéressent beaucoup Erik, plus particulièrement le Tae Kwon Do, dont il est ceinture noire.
Après l’arrêt de Malcolm, le jeune homme a mis de côté sa carrière d’acteur, mis à part le film indépendant Mo dont il tenait le premier rôle en 2007, et le film Twelve en 2010 où il avait un petit rôle. Il s’est consacré pleinement à ses études et a été diplômé en 2013 de l’université de Californie du Sud, et ne souhaite plus revenir sur le devant des projecteurs (si bien que la dernière photo en date remonte à 2010), tant bien qu’il ne serait pas partant à l’idée de reprendre son rôle de Dewey si un film Malcolm voyait le jour. Il travaille aujourd’hui comme journaliste tout en veillant à son parfait anonymat.
Anecdotes
Une rumeur lui a prêté à tort une maladie comparable à une forme d’autisme : le syndrome d’Asperger. Elle a été démentie depuis, tout comme celle revenant régulièrement sur les réseaux sociaux français clamant que l’acteur est mort.
Ses meilleurs rôles
Mo
Mo
(2007)
Un Noël de folie !
Spike Frohmeyer
(2004)
Infidèle
Charlie Sumner
(2002)
Filmographie
Acteur
Année | Titre | Rôle |
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Producteur
Année | Titre | Rôle |
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